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Rien n'est plus artificiel que la simplicité Réduire les choses a leur simplicité apparente me semble difficile. Toute forme procede d'un réseau, résulte de contextes contradictoires. Réduire une forme a son apparence immédiate, c'est la priver de son origine. La découpe, le glissement, le décaissé, le vide laissé par la forme découpée, devient forme a son tour, tandis que la forme elle-meme glisse au-dela vers une composition encore a venir.Le mouvement prend le pas sur la situation arreée. Propositions en devenir plus qu'affirmations péremptoires, qui perdent du meme coup leur évidence, leur simplicité. Le contraire de chaque dérmache est aussi séduisant que celleci - chaque forme implique une anti-forme aussi chargée de sens. La lecture d'une forme limitée, sa simplicité originelle est une façon de passer a côté de l'essentiel. Mais qu'est-ce que l'essentiel? J'ai abordé ces themes de maniere successive faisant succéder les entrelacs aux superpositions, les modifications par changement de lumiere, donc de couleurs, aux rotations, accumulations répétitives ou organisations isolées. Chaque theme va ainsi sinon évoluer du moins apparaître différent, selon l'approche, l'éclairement, la situation. C'est plus moi qui tourne autor, révélant chacun de ses aspects, que la forme qui évolue. Pendant un temps donné, l'explorerai cette forme sans lassitude et tout d'un coup j'abandonne ce theme pour un autre bien que j'aie la certitude de n'avoir encore rien résolu du premier. L'ensemble me parait aujourd'hui discontinu puisque je passe d'un theme a un autre, d'une problématique chromatique a une autre, sans qu'aucune d'elles ne me satisfasse pleinement. Je suis infidele jusque dans mes oeuvres. Mais en dépit de ces choix successifs une certaine unite se aégage du traitement comme si ces variantes n'étaient que des modifications mineurs, provisoires d'une interrogation sur le sens, sur l'ambiguité, sur la présence ou l'absence de la forme, sur son caractere unique ou sa multiplicité, sa couleur, sa transparence, sa lumiere. Comment une forme est-elle modifiée par sa lumiére? La géométrie de la forme inscrit la démarche dans un systeme contrôlé qui l'isole de toute connotation émotionnelle, laissant a la couleur le champ libre. Celle-ci passe de la lumiere a l'ombre ; chaque teinte s'enrichit de ses modifications, superpositions, voisinages, mais toujours clairement identifiée sur des plages successives. A l'organisation de réseaux qui provoquerait une lecture instable de la surface, j'ai donc préféré ces situations plus stables qui résultent comme d'un grossissement d'un élément, chaque toile devenant un détail agrandi d'une immense surface, lecture macroscopique d'un fragment de l'ensemble. Le jeu, propositions interactives modificatrlces, acte gratuit, a contribué a relativiser l'importance de l'affirmation, l'action de jouer étant plus importante que le résultat, le provisoire, la relativité, mettant en évidence le peu de sérieux de la peinture, entre autres. Joël Stein, Paris, le 15-05-02
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